Intervention d’André Jannet au nom de la coordination nationale des comités de défense des hôpitaux le 14 janvier à Lons

La Coordination Nationale des Comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité apporte tout son soutien à la population du Jura, rassemblée aujourd’hui à Lons Le Saunier, pour le droit à la santé à l’appel du comité de défense et de soutien de l’hôpital de St Claude, du comité de défense des hôpitaux publics de Dole et de celui de Lons Champagnole. Elle se félicite du succès de votre mobilisation. Déjà fin novembre vous étiez 2000 à Champagnole, soignants, usagers, élus rassemblés!

La situation des hôpitaux jurassiens n’est malheureusement pas un cas isolé en France. Des services ferment partout au prétexte de manque de personnels, mais cette pénurie a été construite, voulue pour réduire les dépenses de santé. Ne trouvant plus sens à leur travail, les soignants, à qui on demande d’être rentables et non de soigner désertent et la crise touchent autant les CHU que les hôpitaux de proximité. C’est la santé de la population qui est menacée et déjà on voit une augmentation de la mortalité périnatale.

Dans ses vœux aux soignants, le Président de la République fait mine d’avoir entendu pour mieux détourner les revendications.

Aux soignants qui veulent une amélioration de leur conditions de travail et de salaires et retrouver sens à leur métier, il répond dérégulation du temps de travail et autonomie des équipes, en pratique leur laisser le soin de gérer la pénurie.

A la population qui cherche désespérément un médecin traitant, il offre un paramédical en libéral, mettant ceux-ci en difficulté plutôt que de valoriser leurs compétences dans des équipes. C’est une nouvelle aggravation des inégalités d’accès à la santé.

Et il a entendu la critique de la T2A, la tarification à l’activité, mais sans augmentation de l’enveloppe globale aucun mode de répartition des dotations entre les hôpitaux ne répond pas aux besoins et pour 2023, l’augmentation prévue de l’enveloppe globale est inférieure à l’inflation !

Enfin, son décloisonnement entre l’hôpital et la ville n’est pas celui dont ont besoin les malades pour de véritables parcours de soins. Ce sont les charges pour le service public et les recettes pour le privé, à l’image de toutes ces IRM privées qui s’installent dans les hôpitaux et même l’académie de médecine s’inquiète de l’éthique des montages financiers autour de l’imagerie médicale.

On voudrait nous faire croire qu’il n’y a pas de solutions, pousser la population au fatalisme. Pourtant elles existent !

Il faut lever le verrou financier. Comme pour les retraites, c’est la question des recettes de la Sécurité Sociale. Et il faut entendre la population qui veut qu’une plus grande part des richesses produites dans notre pays soit consacrée à notre protection sociale.

Il faut démocratiser réellement, avec de vrais pouvoirs de décisions pour des assemblées locales et régionales réunissant usagers, professionnels et élus pour étudier les besoins et la manière d’y répondre.

Il faut former massivement. Avec les chiffres actuels d’étudiants en seconde année de médecine, la situation sera pire dans dix ans ! Ce sont toutes les formations aux métiers de la santé et du médico-social qui doivent être développées sans oublier la psychiatrie. Des pré-recrutements, salariant les jeunes pendant leur formation, en échange d’un engagement de service public dans toutes les structures seraient de nature à faciliter une meilleure répartition sur l’ensemble du territoire.

Il faut arrêter de mépriser les soignants, respecter leur éthique en restaurant une gestion des hôpitaux tournée vers l’humain et non la rentabilité, créer des postes, augmenter leurs salaires, encore inférieurs à la moyenne des pays de l’OCDE.

Il faut assurer une juste répartition des professionnels sur l’ensemble du territoire, la liberté d’installation s’arrêtant là où commence l’intérêt général. La mise en place d’une régulation est incontournable. De même, il faut un retour à l’obligation de participation à la permanence des soins pour tous les médecins afin de répartir la pénibilité du travail de nuit.

Il faut développer un service public de soins primaires s’appuyant sur un maillage territorial en centres de santé pluridisciplinaires répondant aux souhaits des jeunes professionnels : salariat, travail en équipe.. et l’État doit jouer son rôle pour mettre fin à la mise en concurrence des territoires.

La Coordination Nationale a développé toutes ses propositions dans son plan d’urgence élaboré avec la richesse de la réflexion de ses comités dont vous faites partie. Bravo à votre mobilisation ! Nous travaillons à ce qu’elle fasse tache d’huile. Le gouvernement doit entendre les exigences de la population de notre pays à accéder aux soins et à la prévention sans barrière géographique ou financière.

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